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Michel

Prospection hydrogéologique en Ahuachapan


#ScienceEau | La semaine dernière ont eu lieu les premiers repérages pour la semaine de terrain que j’organise avec la faculté en sciences naturelles et mathématique (SCN) de l’université publique de San Salvador (UES).

Objectifs générales : avec l'appui technique de l'UES, une étude est menée sur le fonctionnement et l'état des aquifères du bassin inférieur du Rio Paz afin de mettre en évidence les éventuels problèmes de gestion et de formuler des recommandations.

Le bilan hydrique: Combien d'eau est disponible?

En effet, les communautés de la zone basse du bassin de la rivière Paz avec lesquelles la UNES travaille souffrent d’un manque d’eau durant la période sèche et, pour certains, de l’intrusion d’eau saline.


Pour étudier les éventuels problèmes de gestion et d'accès à l'eau, il est important de pouvoir effectuer un bilan hydrique de la zone afin de déterminer le volume d'eau douce disponible pour une exploitation durable de cette ressource durant l'année (et couvrir les différents besoins). Pour effectuer un bilan hydrique, il y a différents paramètres à mesurer ou estimer (précipitation, infiltration, évaporation, ruissellement, etc) et il est également nécessaire d’estimer l'écoulement de l'eau souterraine.


Figure 1. En orange se trouve les puits des communautés participant au monitoring depuis 1 an et demi (dont 6 mois sans données pour cause de crise politico-sanitaire). La majorité des puits se situent sur des aquifère poreux composés de sable et de graviers non consolidés. Ce type d'aquifère sont très productifs (bonne rentabilité en termes volumes d'eau disponibles et ils se rechargent facilement). Cependant, ils sont également beaucoup plus sensibles aux contaminations de surface (p. ex. fertilisants, certains pesticides). En jaune se trouve les cultures de canne à sucre irriguées durant 4 mois par année avec les eaux de l’aquifère superficielle (80% consommation annuelle (a)).

La collaboracion à travers la "banque à redevabilité"

Pour faire le bilan hydrique, je suis alors allé chercher de l’aide auprès du directeur de l’Ecole de Physique (faculté SCN, UES) qui a été président d'une Juntas de Agua (entité local gérant les ressources en eau dans les communautés) pendant plusieurs années et qui a un « Groupe d’ Investigation en Hydrogéologie ». Mon idée était d’une part que mon organisation (la UNES) et l’UES signent un accord pour que des étudiant(e)s puissent venir faire leurs heures sociales (stage obligatoire) chez nous et de lui proposer un cas concret pour son « Groupe d’ Investigation en Hydrogéologie ».


Figure 2. Comme me l'a très bien expliqué mon beau-père uruguayen, l’Amérique Latine fonctionne sur la "banque à redevabilité". Je te rends un service alors tu me rends un autre. Ce jour là, je lui étais redevable de la leçon d'ouverture du nouveau cycle universitaire. Apparemment, seules les étudiantes étaient présentes ce jour là.


Il faut savoir qu’au Salvador, les scientifiques du gouvernement et des universités adorent faire des investigations de terrain. Les limites se situent principalement au niveau administratif, au niveau financier et dans l’exploitation des données existantes et de la revue bibliographique qui d’ailleurs n’est pas enseigné à l’université. Bref.


Allons sur le terrain!

Lors de cette première journée, nous sommes allés cartographier les différents points de la zone qui sont nécessaires pour la prospection par la technique de la résistivité électrique "electrical resistivity tomography". Cette technique nous permet caractériser le type et la profondeur des aquifères.

Comme son nom l’indique, cette méthode se base sur l’injection d’un courant électrique dans le sol. Comme nous sommes à la fin de la période des pluies et les sols sont encore saturé en eau en ce moment, la prospection aura lieu en décembre pendant la période sèche.


Donc, pour ce jour, nous avons aussi profité pour mesurer les niveaux des puits du réseau de mesure communautaire où sont relevés chaque mois les niveaux d’eau et les paramètres physico-chimiques (l’objet de ma sortie mensuelle, voir ce blog).


Deux échantillons en amont en en aval de l’aquifère ont également été prélevés pour la caractérisation préliminaire en ions majeurs des eaux de ces aquifères. Cela permettra de caractériser plus ou moins le type d'eau (influence géologique) et de voir s'il y a des contaminations potentielles par de fertilisants ou des intrusions salines en période sèche.

Le nombre d'échantillon étant très restreints (2 en période humide, 2 en période sèche), ces valeurs seront plutôt d'ordre indicative.




Restez à l'écoute...

En décembre nous allons retourner dans la zone (si je trouve les maigres fonds qui manquent et si nous ne sommes pas de retour en confinement) afin d’effectuer un travail de grand ampleur durant une semaine avec trois équipes composées d’étudiant(e)s et de personnes des communautés:

  • La première équipe va mesurer les niveaux et les caractéristiques d’une densité importante de puits dans chaque communauté (établissement d'une carte piézométrique pour déterminer la direction des écoulements souterrains).

  • La seconde équipe va mesurer la résistivité d’une vingtaine de sections d’aquifères dans la zone (transect de 400 m de long équivalent environ 60 mètres de profondeur).

  • La troisième équipe va récolter des informations par des enquêtes par questionnaire.


Affaire à suivre...


(a) Basagoitia Quiñonez, Julio Cesar, and Carlos Flores. Impactos de La Expansión En La Industria Azucarera En La Zona Marino Costera de El Salvador: Caso Zona Baja Río Paz. Unidad Ecológica Salvadoreña, UNES, 2016, p. 85.

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